poetiquedelepluchure

Ma boîte à souvenirs est une chambre en bordel

Samedi 19 février 2011 à 21:45


Au milieu des épluchures des traces de farine

entre le four en marche et la vaisselle encore à faire

nous avons fait l’amour

comme un appendice à la recette

les trésors de ta peau délicate

et mes caresses jaune d’œuf

nous brillons abricots

d’un nouvel éclat


*****   


 

En medio de las peladuras de las huellas de harina

entre el horno en marcha y lavar la vajilla todavía por hacer

hemos hecho el amor

como un apéndice a la receta

los tesoros de tu piel delicada

y mis caricias yemas de huevo

brillamos albaricoque

de un nuevo resplandor


(2009, inédit)



Jeudi 17 février 2011 à 12:26

Si je peux aujourd'hui
vivre ma vie telle que je la vis
c'est grâce au rocher


grâce au rocher
à la rivière coulant
à ses pieds


dans laquelle j'aurais très bien pu
me jeter


trouver alors la force de vivre
coûte que coûte


et crever l'abcès



longtemps ô
longtemps
le pus a coulé


                                                                                                                        dansé avec la mort
                                                                                                                        ma douleur d'être vivante



et puis je suis re-née


                              (étrange, re-née
                                                                                                                        ce fut le prénom de ma grand-mère)


une boucle est bouclée
j'ai rompu la chaîne des douleurs familiales
la blessure de chaque femme
née avant moi
désormais ne passera plus par moi



assimilée, la douleur en mes veines
elle ne sera plus un obstacle
mais un pont
entre l'ici maintenant
et demain



alors je deviens femme
je n'en finis pas de devenir



mère
ce mot qui sonnait blessure
est aujourd'hui douce musique à mon oreille
et à mon coeur



ainsi
je prendrai dans mes bras
un enfant né de mon ventre


voilà qui est beau



mon ventre
à honorer
de nouveau
enfin


autre chose qu'un poids
autre chose qu'une enclume :
UNE VIE A DONNER

(Carmenstach, juin 2010, zgz)

Mardi 15 février 2011 à 21:08

Te savoir intimement

vivante en mes tripes

t’accrochant

aux parois internes

de mon utérus et de ma conscience


profondément reconnaissante

je suis envers la vie

qui est venue déposer en moi

ce mystère en renouvellement


Sentir ton énergie vibrante

cette folle espérance

là au-dedans

j’en suis déjà capable

même s’il est tôt

encore

pour sentir le reste

les petits coups

que tu me donneras

pour m’appeler

pour que je te chante

cette berceuse

qui est déjà ancrée

dans la mémoire de l’âme que tu es



parce qu’enfin je suis prête

à me lancer dans la danse

que me propose cette vie

connaître mes peurs

savoir les affronter

pour reprendre ma place

celle du cœur

de l’amour véritable

mon moteur


 (janvier 2010, copyleft Céline Rainoird) 

Samedi 12 février 2011 à 12:28


Moi
c’que j’voudrais
c’est apprendre à ricocher

 

Or
quand je lance ce corps

contre l’asphalte de la ville
je m’écorche jusqu’à
saigner :
point de ricochet.


 

Moi

c’que j’voudrais
c’est apprendre à ricocher


sur les étapes de ma vie
sans couler en leur fond
sans manquer de m’y noyer

 

Alors j’apprends
comme l’enfant à marcher
j’apprends
chaque fois à sombrer
un peu moins


établir des paliers


et je me dis patience
patience
un jour viendra
l’heure du ricochet.



*************  

Yo
lo que quisiera
es aprender a rebotar


Ahora bien
cuando lanzo este cuerpo
contra el asfalto de la ciudad
me despellejo hasta sangrar:
nada de rebote.

 

 

Yo

lo que quisiera
es aprender a rebotar


en las etapas de mi vida
sin hundirme en su fondo
sin estar a punto de ahogarme

 

Desde entonces
como el niño a caminar
aprendo
a zozobrar
cada vez menos

 

establecer paradas

 

y me digo paciencia

 

paciencia

un día vendrá

la hora del rebote.



(de "Despellejada", poemario) 

 





Jeudi 10 février 2011 à 20:17


Enjuago los contornos
viscosos de mi corazón


 

el adentro

 


sobre el cual deslizo
tropiezo y me golpeo


 

Vuelvo a coser los jirones
supurantes de mi piel

 

despellejada


sobre la cual antes
se depositaban besos


(de "Despellejada", poemario)


*****

 

J’éponge les contours
visqueux de mon cœur


l’intérieur


sur lequel je glisse
trébuche et me cogne


 

Je recouds les lambeaux
suintants de ma peau

 


écorchée


sur laquelle autrefois
on déposait des baisers


 

 


(de "Epluchures et lambeaux", recueil de poèmes, édition de l'auteur)




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